Newsletter de 12-2023

____________________________________________________________________

COURSE AU LARGE

Yoann Richomme : "Nous avons choisi le bon design"

Deuxième de la Transat Jacques Vabre (avec Yann Eliès) puis vainqueur de Retour à la Base en solitaire, Yoann Richomme a réalisé une saison 2023 remarquable malgré la jeunesse de son Imoca Paprec Arkéa, mis à l’eau en février dernier. Le skipper analyse comment ce bateau construit au chantier Multiplast a été en mesure de gagner si tôt, ce qui semble de bon augure en vue du Vendée Globe 2024.

Yoann, comment expliques-tu qu’un bateau si récent puisse gagner dès sa première année d’utilisation ?

L’aspect essentiel est la rigueur dans le suivi qualité de la construction. Nous avons mis beaucoup de moyens sur les contrôles à ultrasons pendant toutes les phases de la construction. Aucune pièce n’a été installée sans être vérifiée de la sorte. Cela nous a permis d’éliminer très tôt dans le processus de fabrication la moindre faiblesse. Nous étions ainsi confiants quant au travail réalisé sur le bateau avant sa mise à l’eau. Ce point est essentiel car nos prototypes sont de plus en plus rapides, ils volent plus haut et subissent des impacts très importants. Tout cela avec des contraintes que peu de milieux font subir au composite. L’expertise de Multiplast dans la construction des Imoca a été précieuse. Nous avons suivi les conseils du chantier sur les méthodes à mettre en place pour éviter de reproduire les erreurs du passé. La relation de travail, très fluide, a rendu la construction relativement “facile”.

Tes prestations sur la Transat Jacques Vabre puis sur Retour à La Base te permettent de faire le plein de confiance pour le Vendée Globe 2024 ?

Oui. Nous étions confiants concernant nos choix architecturaux, mais il nous fallait tout de même confirmer cela dans les faits. Aujourd’hui, je peux dire que nous avons choisi le bon design. Retour à La Base a permis de tester Paprec Arkéa dans des conditions de vents portants similaires à celles du Vendée Globe. J’ai eu jusqu’à 7 mètres de creux et 40 nœuds de vent. Le comportement du bateau est remarquable, très polyvalent. Il a été conçu pour corriger les défauts des Imoca de la génération précédente, à savoir un mauvais passage dans la mer au portant, avec des gros plantés - et c’est réussi. Paprec Arkéa a quelques points faibles au près, mais au portant dans du vent fort (à partir de 25 nœuds), on peut le pousser plus loin dans ses retranchements. C’est très intéressant en vue du Vendée Globe.

En quoi va consister votre chantier d’hiver ?

La charge de travail est conséquente. L’idée est de renforcer certaines zones de slamming les plus sollicitées. Nous prévoyons aussi des améliorations au niveau de l’ergonomie et de l’étanchéité pour qu’il y ait moins d’entrées d’eau dans le cockpit. Nous allons démonter toutes les pièces et les systèmes pour une révision globale : safrans, foils, quille, motorisation... Le programme s’annonce très chargé en 2024. Si tout se passe bien sur le chantier, je serai au départ des deux transatlantiques en solitaire (The Transat CIC et New York-Vendée Les Sables). Puis il y aura le Vendée Globe.

EN BREF

• SUN FAST 30 OD. Le Sun Fast 30 One Design, plan VPLP Design, construit par Multiplast et Jeanneau (voir notre newsletter d’automne), a été élu Voilier de l’Année 2024 par Voile Magazine, annonce faite vendredi 15 décembre au Musée de la Marine dans le cadre des Journées de la régate et de la course au large organisés par le Yacht Club de France. “Le jury a pu l’essayer lors de navigations à La Rochelle après le Grand Pavois, on a tout de suite vu qu’il était bien né, avec de bonnes fées qui se sont penchées sur son berceau, entre les clubs qui ont lancé le projet, VPLP, Multiplast et Jeanneau. Il arrive en plus avec un calendrier déjà assez fourni”, a commenté le rédacteur en chef de Voile Magazine, François-Xavier de Crécy.

• ULTIM. Multiplast était bien représenté sur le podium des Ultim de la Transat Jacques Vabre Normandie-Le Havre, puisque le chantier a construit les flotteurs du vainqueur, Banque Populaire XI (Armel Le Cléac’h/Sébastien Josse), la coque centrale du deuxième, SVR Lazartigue (François Gabart/Tom Laperche), et l’intégralité du troisième, le Maxi Edmond de Rothschild (Charles Caudrelier/Erwan Israël). Place désormais à l’Arkea Ultim Challenge-Brest, première course autour du monde en solitaire, qui s’élancera le 7 janvier de Brest.

• FESTIVAL. Multiplast emmènera toutes ses équipes au cinéma le 24 janvier, date de l’étape vannetaise du Sailorz Film Festival 2024, le festival du film de voile de compétition organisé par Tip & Shaft.

• ULTIM La deuxième édition des 24H Ultim a eu lieu du 29 septembre au 1er octobre à Lorient, la course des 24 heures a été remportée par Banque Populaire XI (dont Multiplast a fabriqué les flotteurs), mené par le tandem Armel Le Cléac’h-Sébastien Josse, avec seulement 3 minutes 20 secondes d’avance sur le Maxi Edmond de Rothschild (Charles Caudrelier/Erwan Israël), construit à Vannes.

• SOLIDSAIL. La construction du premier des trois mâts SolidSail pour le futur Orient Express Silenseas, paquebot de croisière de luxe, est sur le point de débuter. Multiplast, engagé sur ce projet auprès des Chantiers de l’Atlantique avec un consortium d’acteurs bretons (CDK Group, Lorima, SMM, Avel Robotics), fabriquera un tronçon de 40 mètres, les premiers plis seront posés début janvier.

• RECRUTEMENT. Entre projets nautiques, industriels et aérospatiaux, Multiplast continue à recruter : tous les postes actuellement à pourvoir sont ici, avec des formations en interne possibles selon les métiers

© Franck Socha / Orient Express Racing Team

COUPE DE L'AMERICA

Stéphane Kandler : "Un vrai partenariat avec Multiplast"

Depuis le printemps dernier, les équipes de Multiplast sont mobilisées sur la construction du futur AC75 d’Orient Express Racing Team, premier bateau de ce type fabriqué en France. Codirecteur du défi tricolore, Stéphane Kandler fait un point d’étape.

Comment se passe la construction de l’AC75 français chez Multiplast ?

Pour l’instant, la construction se passe très bien, les délais sont respectés, il faut bien mesurer l’ampleur du challenge de se lancer dans la construction d’un bateau jamais fait en France, avec un certain nombre de techniques et de technologies nouvelles. Le chantier est d’une aide précieuse dans les moments qui ne sont pas toujours simples dans une campagne comme la nôtre, partie assez tard. On est une petite équipe par rapport à nos concurrents, Multiplast a mis toute son expérience et son savoir-faire humain et technique à notre disposition pour relever ce challenge. C’est encore une fois la preuve que c’est un chantier de pointe, qui a d’ailleurs déjà construit six bateaux de l’America’s Cup, tous très différents. Nous sommes donc très satisfaits de la relation que nous avons avec Multiplast et de leur engagement sur le projet. C’est une collaboration assez exceptionnelle, qui va au-delà d’une relation client/fournisseur, je parlerais plus d’ailleurs de vrai partenariat et ça a donné des ailes à tout le monde. Il nous tarde maintenant de lancer ce nouveau bateau et de montrer sur l’eau qu’il a été bien construit.

Concrètement, où en est la construction et combien de personnes sont mobilisées dessus ?

Je ne peux pas en dire beaucoup, car nous ne communiquons pas sur le sujet, mais nous sommes suffisamment avancés pour dire que nous avons passé des étapes cruciales et que nous sommes dans les temps que nous nous étions fixés au départ, ce qui était loin d’être évident, car tout est nouveau dans ce projet. Le bateau est magnifique, on est dans le match et plutôt fiers du travail accompli, “so far so good”, comme on dit en anglais ! Pour ce qui est des équipes, c’est un peu fluctuant, une partie de la nôtre, qui était sur l’AC40, a basculé sur l’AC75, je dirais qu’en tout, avec celle de Multiplast, il y a en moyenne une cinquantaine de personnes qui travaillent sur le bateau.

L’enjeu dépasse-t-il celui du sport ?

Bien sûr ! Un tel projet met en avant la technologie française, Multiplast travaille avec des partenaires qui nous soutiennent ; quelque part, avec cet AC75, on monte aussi une équipe de France de la technologie, cela concerne également toute la partie software et hardware que nous sommes en train de développer, avec de la technologie made in France. 75% du budget d’Orient Express Racing Team est dépensé en France, ce projet, c’est de l’emploi, de la recherche et développement pour notre pays, mais également énormément de connaissances acquises qui vont profiter à tout le monde. On parle souvent d’argent à l’évocation de l’America’s Cup, parfois considérée comme une course de milliardaires, mais non, c’est d’abord une course technologique, je dirais même de souveraineté. Si on n’avait pas cet AC75, la France irait moins vite que les autres nations engagées sur la Coupe, et donc progresserait moins rapidement. C’est indispensable que la France soit présente dans l’America’s Cup !

DANS LE GROUPE CARBOMAN

Comment le groupe Carboman s'organise pour prévenir les accidents du travail

Entre ses projets nautiques, industriels et aéronautiques qui nécessitent de manier des outils et des process de pointe, le groupe Carboman se doit d’ériger la sécurité au travail comme une priorité absolue. Des actions concrètes sont mises en place pour diminuer l’accidentologie dans les ateliers, quitte à adopter une communication décalée. Le point avec Damien Harlé, dirigeant associé du groupe Carboman, et Arnaud Buan, animateur HSE (Hygiène, Sécurité, Environnement).

Repris en 2022 par le duo Jean-Denis Bargibant-Damien Harlé, le groupe Carboman a profité de l’expertise de ces derniers pour revoir à la hausse ses normes de sécurité. “En reprenant le groupe, nous avons constaté un taux d’accidentologie qui nous semblait un peu trop élevé par rapport à nos ambitions, confie Damien Harlé, directeur associé du groupe Carboman. La sécurité a donc d’emblée été remise au centre des débats. Il fallait diminuer le nombre d’accidents et leur gravité. Nos salariés ne sont pas là pour s’esquinter au travail, et cela coûte de l’argent à l’entreprise. Si on baisse le nombre d’accidents, on est gagnant sur les deux tableaux. On ne peut pas rester les bras croisés.”

Arnaud Buan, animateur HSE (Hygiène, Sécurité, Environnement) du groupe Carboman et donc référent sur le sujet, ajoute : “Améliorer les conditions de travail permet d’accroître l’attractivité et de faire baisser l’absentéisme. C’est une attente importante pour les salariés, notamment ceux de la jeune génération. La sécurité n’était pas un sujet prioritaire pendant un certain temps, nous avons voulu dépoussiérer tout cela avec une démarche plus structurée.”

Voilà pour le constat, quelles ont été les actions concrètes entreprises pour donner les moyens nécessaires à chacun d’accomplir ses tâches quotidiennes à un niveau de sécurité le plus élevé possible ? “Il a déjà fallu donner un titre à notre démarche, avec le slogan : “La sécurité, on est tous concernés”. Ensuite, nous avons établi une charte sur l'attitude à avoir au quotidien dans les ateliers”, explique Arnaud Buan.

Parler de sécurité avec humour

Des initiatives ont ainsi été prises pour assurer une communication active au sein de Multiplast et développer une démarche participative. “Nous avons formé les chefs d’équipe, pour qu’ils s’approprient les bonnes pratiques, qu’ils les appliquent et les partagent. C’est important que la direction ne soit pas seule à évoquer le sujet de la sécurité. Quand une idée vient du terrain, elle est davantage acceptée et mise en œuvre, poursuit l’animateur HSE. Nous tenons aussi à intégrer les collaborateurs dans des audits internes. Tous les mois, je fais le tour du site avec un salarié et il me fait part de ses remarques.”

Pour mettre un peu de légèreté dans un sujet sérieux, Multiplast s’est par ailleurs associé à l’illustrateur Nitch pour déployer une campagne d’affichage décalée dans les ateliers, afin d'illustrer les messages concernant la sécurité au travail. “L’idée est de ne pas avoir une approche trop scolaire, pour davantage interpeller nos salariés et marquer les esprits”, souligne Damien Harlé. Le premier dessin humoristique a été affiché début octobre, un nouveau sera mis en place tous les trimestres pendant un an, cette campagne étant étendue à toutes les entités du Groupe Carboman.

“Quand Damien Harlé m’a proposé ce projet, j’ai accepté avec grand plaisir, raconte Nitch, de son vrai nom Régis La Joie. J’aime toucher à tout ce qui concerne l’illustration. Le but, en m’associant à Multiplast, était de répondre à leur cahier des charges tout en gardant l’authenticité de mon travail. Nous voulions sensibiliser en faisant sourire. Une image vaut plus que des paroles et l’humour est un bon moyen de faire passer des messages. Quand on infantilise les gens ou qu’on leur donne des leçons, on n’est pas écouté. En revanche, quand on sensibilise par l’humour ou une phrase choc, ça passe beaucoup mieux."

VOS CONTACTS PRESSE

MULTIPLAST : Yann Penfornis Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. / +33 (0)6 12 05 86 97

"If your dreams don't scare you, they are not big enough"