Peyron se paie un Rhum Vintage
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Le 2 novembre, Loïck Peyron prendra le départ de Saint-Malo sur le trimaran identique à celui de Mike Birch, vainqueur de la première édition, en 1978.
Trois bananes jaunes. Des bouleaux... Depuis plusieurs jours, Loïck Peyron propose sur les réseaux sociaux un jeu de piste sous forme de photos. Trois bananes pour trois coques, celles d'un multicoque, ça on avait compris. Jaunes comme la couleur du drapeau suèdois, la nationalité du team Artemis avec lequel le skippeur est engagé en vue de la Coupe de l'America 2014 ?
"Non", a répondu l'intéressé, qui s'est régalé à prolonger le suspense de vivie voix, hier soir au téléphone.
Donc, ce ne peut être qu'une référence à Olympus-Photo, le petit trimaran jaune sur lequel Mike Birch a remporté, à la surprise générale, la première Route du Rhum, en 1978. "Oui, je veux faire le Rhum mais à l'ancienne, explique Loïck Peyron. Ca fait longtemps que ça me trotte dans la tête de faire une transat à la manière de l'époque, sans enrouleur de foc, sans fichier météo, avec le sextant."
Dans l'esprit des pionniers tels que Mike Birch. D'où les bouleaux..."Birch, ça veut dire" bouleau", en anglais. Depuis trente ans, je l'appelle Michel Bouleau", s'amuse Peyron, qui se revendique comme étant "un de ses élèves"."C'est mon maître Jedi, je suis un petit padawan. Il a fait sept fois le Rhum, moi six, a terminé à chaque fois, moi seulement trois fois sur six. Je vais au moins l'égaler au nombre de participations. C'est mon tribute to Mike ("hommage à Mike.)"
Un magnifique hommage au Canadien, qui navigue toujours, à bientôt quatre vingt trois ans. Il les aura le 1er novembre, soit la veille du départ de la dixième édition de la Route du Rhum. Il devrait être à Saint Malo à l'invitation de Peyron (54 ans), qui le veut comme parrain de son bateau. Et pour cause : le Français partira en direction de Pointe-à-Pitre à bord d'un sister-ship d'Olympus, un trimaran en bois de douze mètres, la longueur minimale autorisée sur la transat. "Je l'ai trouvé sur le net il y a quelques mois et suis allé le chercher dans une rivière près de Plymouth. Je l'ai ramané à Vannes chez mes amis du chantier Multiplast. Il sera jaune forcément. Je me suis rapproché d'Olympus, mais ils n'ont pas les moyens, explique Peyron, qui refus e de parler budget, même s'il admet avoir payé le bateau de ses deniers. Je ne veux pas être couvert d'autocollants, je n'ai pas encore démarché de sponsor. Je suis un marin qui a une belle histoire à vendre."
Et pas d'ambition de victoire sur une des rares épreuves qu'il n'a jamais remportées. "C'est la première course que je suis sûr de ne ne pas gagner. Ca fait un bien fou ! J'aime bien retrouver ces sentations ancestrales. Le meilleur moyen de voir l'avenir, c'est de regarder dans le passé, estime Peyron, qui se plaît à embrasser les extrêmes. Ca me plait de faire ce grand écart. Il y a un an et demi, on gangnait le Trophée Jules Verne sur le plus grand trimaran de course du monde, Banque Populaire V (40 mètres) et là, je serai sur le plus petit avec encore le plus grand de mon ami Yann Guichard à côté"....
Article du Journal L'Equipe - 16 avriln 2014 par Anouk Corge